Tableau de Bord Stratégique:

Reprendre la Discussion Sur la Chine

Q4 2022 – NOVEMBRE

L’investissement en Chine est devenu récemment un sujet encore plus controversé. Les préoccupations omniprésentes restent les vulnérabilités perçues du système financier, le risque géopolitique (Hong Kong, Taïwan, Xinjiang, etc.) et l’opacité émanent du flux d’information hautement contrôlé. Au cours des dernières années, un éventail de nouveaux problèmes et obstacles a surgi. L’occasion est opportune pour revisiter les investissements en actifs chinois alors que le président Xi Jinping consolide son pouvoir à la tête du parti communiste chinois à la suite du congrès d’octobre et que de très rares manifestations surviennent contre les mesures draconiennes anti-COVID.  

Lors de l’analyse des possibilités dans n’importe quelle classe d’actifs, il est impératif de tenir compte à la fois des facteurs à court et à moyen terme, de même que des facteurs à long terme. Il arrive fréquemment que ces évaluations temporelles pointent dans des directions opposées. Et bien que des points de vue à fort degré de conviction rendent les propos plus convaincants, notre recherche dans la plupart des cas ne produit pas d’évaluation générale « bonne » ou « mauvaise », mais elle tente plutôt de déterminer si les prévisions s’améliorent ou se détériorent.

En ce qui concerne la Chine, nos points de vue à court et à long terme sont à l’opposé les uns des autres depuis quelques années. En effet, le resserrement monétaire a étranglé les conditions financières et poussé le secteur immobilier au bord de la défaillance. Une révision réglementaire des compagnies privées sur Internet s’est traduite par des modèles d’affaires beaucoup plus limités et un esprit d’entreprise passablement terni. La guerre commerciale avec les États-Unis a causé des pertes économiques inutiles des deux côtés. Plus récemment, les mesures draconiennes anti-COVID ont affaibli presque toutes les facettes de l’activité économique. 

Ces obstacles immédiats ont dû être soupesés contre une perspective à long terme plus constructive. Avec une classe moyenne émergente, la Chine passe à un modèle plus durable de croissance nationale stimulé par la demande. Étant donné la taille du pays, il est presque impossible de déplacer ailleurs le noyau des chaînes logistiques mondiales, mais de manière plus importante, la Chine ne fait plus concurrence uniquement sur la base de la fabrication à faible coût. Des investissements importants ont été dirigés en amont de la chaîne de valeur et le point de mire passe de manière stable de la duplication à l’innovation. De plus, à mesure que le secteur financier du pays continue de se libéraliser progressivement et de s’ouvrir aux étrangers, la dichotomie entre le poids économique de la Chine et sa sous-représentation dans les indices mondiaux et les portefeuilles d’investissement devrait s’éroder à la longue.

La question est désormais celle-ci : les récents événements ont-ils modifié nos points de vue pour le mieux ou le pire? La courte réponse est… Les deux. Alors que les médias d’information occidentaux ont traité avec sensationnalisme les manifestations récentes, ces dernières sont néanmoins emblématiques de l’exaspération publique croissante envers les restrictions anti-COVID draconiennes. Le parti communiste chinois continuera probablement à étouffer la dissidence par la force tout en réduisant discrètement le caractère restrictif des mesures de santé publique. Les craintes d’un incident similaire à celui de la place Tienanmen sont fondées. Et bien que la réouverture de la Chine sera un processus prolongé, de nombreuses pousses vertes émergent. Les politiques monétaires et fiscales sont devenues accommodantes et des mesures macroprudentielles visant à traiter la contrainte sur le secteur immobilier sont déployées. Selon le tableau ci-dessous, les taux d’épargne déjà élevés des ménages chinois ont fortement grimpé pendant les confinements, rendant plus que probable une poussée de la demande refoulée en 2023.

Si nous faisons fi des facteurs cycliques, l’analyse de rentabilité d’un investissement à long terme en actifs chinois a quelque peu rétrogradé. Les facteurs positifs demeurent, mais il pourrait y avoir plus d’embûches le long du chemin. L’espoir d’une approche moins belliciste de l’administration Biden envers la Chine par rapport aux administrations précédentes avait créé un certain optimisme. Mais alors que la fougueuse rhétorique s’est refroidie, les mesures tangibles n’ont pas suivi. Les plus récentes restrictions sur la vente de propriété intellectuelle américaine à la Chine en sont le parfait exemple; elles n’alimentent pas la manchette sur les « guerres commerciales », mais elles ont tout de même de fortes conséquences. Au bout du compte, les États-Unis ne peuvent pas juguler le développement de la Chine, mais ils peuvent le ralentir dans une certaine mesure. De plus, la nomination de loyalistes du président Xi à la tête du parti communiste chinois laisse peu d’espace aux opinions divergentes et affaiblit l’équilibre démocratique dans le système politique chinois. Les prévisions à court et à plus long terme prenant une fois de plus des directions opposées, les actions chinoises offrent en ce moment une possibilité tactique plutôt que séculaire.

ESPÈCES

Les rendements en hausse des marchés monétaires ravivent l’attrait pour les espèces et leurs équivalents de trésorerie dans le contexte volatile actuel du marché. Toutefois, sur une base ajustée en fonction de l’inflation, les rendements sur espèces restent négatifs, alors que de nombreuses classes d’actifs de titres et d’instruments à taux fixe offrent maintenant des rendements véritablement attrayants. Nous avons choisi de maintenir les espèces à des niveaux presque neutres ce trimestre.

OBLIGATIONS

Certains créneaux dans les marchés mondiaux des obligations sont de plus en plus attirants. Les écarts sur les obligations et titres de créance de sociétés américaines de qualité inférieure à une valeur d’investissement se sont élargis de manière importante en dépit de très faibles taux de défaut, de fondements relativement sains et d’un faible risque de refinancement. Nous maintenons une position surpondérée en titres d’emprunt américains dans les portefeuilles des clients.

MARCHÉS DES ACTIONS

L’humeur des investisseurs envers les titres reste morose alors qu’ils continuent de composer avec le resserrement des conditions financières et un éventail de vents contraires agitant la situation géopolitique. Cependant, les évaluations et le rendement de l’action restent parmi les meilleurs indicateurs prévisionnels des revenus d’investissement à long terme et les deux ont connu une importante restauration cette année. Le positionnement en matière de titres reste surpondéré, mais a modestement augmenté ce trimestre.

POSSIBILITÉS

Hong Kong devrait connaître une relance économique découlant de l’assouplissement récent des restrictions de confinement liées à la COVID, mais de nombreux obstacles existent toujours. Plus spécifiquement, la politique monétaire américaine importée (et son resserrement) et une moins grande nécessité en ce qui concerne les actions chinoises cotées sur le marché boursier des États-Unis de déplacer leur marché primaire à la HKEX détournent les investisseurs de leur proposition d’investissement. Les actions de Hong Kong ont été liquidées ce trimestre dans les portefeuilles des clients.

Portrait of David Kletz, VP & Portfolio Manager of Forstrong Global.

David Kletz

Vice President, Portfolio Manager

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