Tableau de Bord Stratégique
LES DÉBORDEMENTS DU PÉTROLE
Q2 2023 – avril
Les prix du pétrole ont varié considérablement au cours des dernières années. En avril 2020, à l’approche des confinements liés à la COVID, le cours du pétrole brut de West Texas Intermediate (WTI) plongeait brièvement en terrain négatif à 35 $ US le baril alors que les coûts d’entreposage augmentaient en flèche et que la demande chutait dramatiquement. Deux ans plus tard, la guerre en Ukraine propulsait les prix à des niveaux jamais vus depuis le sommet atteint en 2008 juste avant l’effondrement de Lehman Brothers. Depuis, les prix se sont refroidis, le resserrement monétaire des banques centrales ayant pesé sur les attentes en matière de consommation d’huile et les exportations russes ayant été étonnamment résilientes. L’OPEC+ ayant récemment annoncé d’importantes coupures de l’approvisionnement, un examen de la dynamique du marché du pétrole et des implications qui y sont liées s’impose.
Selon le tableau ci-dessous, les flambées du prix du pétrole entraînent l’inflation générale de manière fiable. À l’heure actuelle, l’énergie pèse peu sur l’indice des prix à la consommation des États-Unis (environ 7 %), mais son incidence a beaucoup plus de poids. Cela est dû en grande partie au fait que la plupart des autres catégories de l’IPC nécessitent des apports énergétiques importants pour la production, le transport et l’exploitation. La flambée des prix WTI qui a suivi l’invasion russe l’an dernier a contribué à la pression inflationniste, laquelle avait déjà accéléré son rythme à mesure que les confinements prenaient fin, mais que les problèmes de chaîne d’approvisionnement persistaient. À l’inverse, le ralentissement observé depuis a eu une influence démesurée en aidant à renverser l’inflation. Ainsi, l’un des risques économiques et financiers est que la force renouvelée des prix du pétrole maintienne l’inflation à un niveau élevé et force les banques centrales à garder une position ferme pendant plus longtemps.
Une liste exhaustive (et en constante évolution) de facteurs influence les prix du pétrole et l’interaction entre l’offre et la demande. Comme c’est le cas pour la plupart des analyses aux multiples facettes, certaines variables critiques pointent dans différentes directions. Du point de vue de la demande en pétrole, ces différences sont particulièrement marquées. En tête de liste, nous trouvons la divergence inusitée entre les trajectoires des deux plus grandes économies mondiales (et les conséquences sur leur consommation d’énergie respective), un sous-produit de leurs approches opposées concernant les mesures de santé publique sur la COVID. Alors que l’économie américaine a été incroyablement résiliente dernièrement, la campagne de resserrement de la Réserve fédérale ralentira de plus en plus la demande des ménages et des entreprises. L’économie chinoise a des circonstances complètement différentes, avec des conditions de politique monétaire souples et la libération de la demande refoulée à la suite de la fin récente des confinements liés à la COVID.
Le côté approvisionnement de l’équation porte son lot de contre-courants, mais nous croyons qu’il penche en faveur de prix plus élevés. Les coupes de production de l’OPEC+, le choix des grandes compagnies d’énergie de retourner les flux de trésorerie aux actionnaires plutôt que de forer des puits, et le réapprovisionnement éventuel de la réserve de pétrole stratégique des États-Unis sont autant de facteurs qui, combinés, appuient cette hypothèse. Alors que les exportations de pétrole russes ont connu des révisions à la hausse, la perte de l’accès à la machinerie et à la technologie occidentale crée des risques de production. Un autre scénario qui aurait des répercussions négatives pour les prix serait la signature d’une nouvelle entente nucléaire avec l’Iran.
Enfin, une pression continue pourrait s’exercer sur le dollar américain à mesure que les écarts des taux d’intérêt passent d’un vent favorable à un vent contraire. Le prix du pétrole (et de la plupart des marchandises essentielles) est établi et négocié principalement en dollars américains et a tendance à avoir une corrélation négative avec le billet vert.
En tenant compte de la myriade de facteurs en jeu, nous nous attendons à ce que la voie de la moindre résistance soit en direction ascendante en ce qui concerne les prix du pétrole. La bonne nouvelle (d’un point de vue de lutte contre l’inflation) est qu’en l’absence de surprises majeures, on observerait une dérive progressive vers des prix plus élevés, plutôt qu’une flambée renouvelée. L’inflation restera sans doute obstinément élevée (en déplaisent aux banquiers centraux), mais nous ne nous attendons toutefois pas à une nouvelle accélération à partir des niveaux actuels. Nous avons maintenu les titres et les instruments à taux fixe à courte durée de manière à éviter les segments du marché les plus vulnérables à la fluctuation des taux d’intérêt tout en surpondérant les expositions liées aux marchandises essentielles, lesquelles offrent une protection attrayante contre l’inflation.

ESPÈCES
Les récents développements ont produit un ensemble plus large de résultats économiques potentiels pour le marché. La volatilité demeurant élevée à court terme, les espèces fournissent un rendement attrayant et agissent comme tampon contre le risque du marché. Les espèces et leurs équivalents de trésorerie ont été augmentés en surpondération dans les portefeuilles des clients.
OBLIGATIONS
L’engagement des banques centrales à freiner l’inflation sera mis à l’épreuve alors que la confiance dans le secteur bancaire prévaut. Les marchés obligataires semblent avoir écarté une contraction économique, mais ils restent vulnérables aux tensions plus élevées sur les prix sur une plus longue période. L’exposition aux instruments à taux fixe reste sous-pondérée et a été modestement réduite.
MARCHÉS DES ACTIONS
Les actions de sociétés en croissance américaines, plus particulièrement les sociétés à thème technologique, ont prospéré au cours des 15 dernières années dans un contexte de taux d’intérêt ultra-faibles. En dépit du changement rapide des conditions monétaires, les investisseurs ont été peu disposés à abandonner leur ancien scénario. Les portefeuilles d’actions continuent d’être orientés vers des segments du marché qui sont mieux évalués et moins sensibles aux taux d’intérêt, principalement hors de l’Amérique du Nord.
POSSIBILITÉS
Notre point de vue d’une économie américaine plus résiliente que le consensus actuel sur la question s’aligne largement sur une exposition surpondérée aux obligations à haut rendement. Cependant, en raison des écarts de haut rendement se situant en deçà des moyennes historiques, la classe d’actifs ne compense pas adéquatement le risque de crédit élevé auquel font face les investisseurs dans le contexte actuel. Pour ce trimestre, l’exposition aux obligations à haut rendement américaines a été liquidée dans des stratégies orientées sur le revenu.

