Tableau de Bord Stratégique:

à la recherche d’un tournant

Q4 2022 – OCTOBre

Si l’on examine les tableaux historiques à long terme de la plupart des principaux indices boursiers, les marchés à la baisse semblent être généralement brefs, une perturbation courte, mais violente dans un tableau présentant autrement une ligne ascendante progressive.  Mais l’expérience diffère grandement lorsqu’on vit les périodes de marché à la baisse. Les marchés à la baisse ont tendance à être volatiles, broyant les affaires, ce qui a pour effet de mettre à l’épreuve la patience et la fermeté des investisseurs professionnels et individuels. Après une phase initiale de liquidation marquée, les prix ont tendance à osciller largement alors que les marchés financiers tentent de trouver un nouvel équilibre. Les creux du marché exigent généralement un catalyseur pour revigorer l’humeur des investisseurs. Selon notre plus récente publication de Ask Forstrong, le catalyseur le plus probable dans ce cycle arrive au moment où les investisseurs « reniflent » un tournant dans la campagne de resserrement monétaire de la Réserve fédérale américaine.

Alors, dans quelle mesure sommes-nous près du creux? Nous nous avançons à affirmer que le marché à la baisse est beaucoup plus proche de la fin que du début, mais certains obstacles sont toujours présents. L’obstacle le plus évident est également le plus ironique : l’économie américaine (en particulier le secteur des ménages) reste résiliente. Comme le montre le tableau ci-dessous, la confiance des consommateurs a été ébranlée, mais elle reste élevée, partiellement en raison des très fortes conditions du marché de l’emploi. C’est à la fois une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle pour les marchés financiers. Du côté positif, le bon point de départ des ménages américains devrait se traduire par un repli économique moins marqué. Mais du côté négatif, la résilience des ménages pourrait retarder une rétrogradation importante de la demande globale, ce qui est un moteur clé de la pression inflationniste.

La pression inflationniste américaine se concentre maintenant sur quelques éléments incluant la nourriture, le transport et le loyer. Examinons une fois de plus les points positifs et négatifs. Les prix de la nourriture et du transport ont été fortement touchés par les prix en hausse de l’énergie. La crise de l’énergie européenne (voir à cet effet notre point de vue sur l’Europe dans le August Strategy Dashboard), les mesures prises par l’OPEC+ et les projections en matière de demande mondiale continuent toutes à contribuer à la volatilité. Cependant, la bonne nouvelle est que le secteur de l’énergie est déjà passé par une révision massive des prix suivant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les prix ont reculé de leurs sommets et la perspective est beaucoup plus équilibrée qu’elle ne l’était au début de 2022. 

L’inflation liée au loyer restera probablement problématique. L’augmentation rapide des taux d’hypothèque américains a fortement poussé les acheteurs de maison potentiels dans le marché locatif. À mesure que les prix des maisons ont inversé leur tendance, les prix des loyers sont montés en flèche. Mais ce déséquilibre ne peut persister indéfiniment. L’équation location-achat penche vers l’achat, alors que la large formation des ménages décélérera probablement au milieu des conditions financières serrées et d’un ralentissement de l’économie. Les principaux indicateurs ont déjà pointé vers une culmination des prix des loyers dans les grandes villes américaines, mais il faudra probablement compter quelques trimestres de plus avant que cela ne figure de manière significative dans les données affichées.

On a pu tirer récemment un certain encouragement des mesures prises par la Banque de réserve de l’Australie et la Banque du Canada pour ralentir le rythme des hausses des taux d’intérêt. Cependant, ces deux économies ont un endettement des ménages beaucoup plus élevé (et conséquemment plus sensibles aux taux d’intérêt) qu’aux États-Unis, on ne devrait donc pas surestimer la possibilité que la Réserve fédérale suive rapidement leurs traces. Néanmoins, avec de nombreux moteurs clés de l’inflation américaine en stagnation ou déjà en marche arrière, le pire de l’atténuation des risques est très probablement derrière nous. Le carnage actuel dans les marchés boursiers mondiaux a produit une restauration significative de la valeur, comme l’ont démontré les multiples d’évaluation beaucoup plus faibles et les taux de rendement beaucoup plus élevés. Les investisseurs ne devraient pas perdre de vue que cela signifie que les prévisions de rendement à long terme sont désormais beaucoup plus élevées qu’elles ne l’étaient il y a six mois. 

ESPÈCES

Les devises européennes, en particulier l’euro et la livre britannique, ont subi une importante dépréciation cette année causée en partie par la divergence en matière de politique monétaire et par les craintes liées à une crise de l’énergie à l’échelle du continent. Bien que ces devises puissent rester à des niveaux dépréciés sur une période prolongée, les risques sont désormais biaisés vers le haut de manière asymétrique, alors que les marchés financiers ont déjà absorbé une large part de mauvaises nouvelles. Les expositions aux devises européennes ont été non couvertes dans les portefeuilles de clients ce trimestre.

OBLIGATIONS

La hausse des taux d’intérêt a fait des instruments à taux fixe une classe d’actifs plus utilisable dans le contexte d’un portefeuille équilibré. Cependant, les courbes de rendement étant pratiquement aplanies (et dans certains cas inversées), les titres de créance du marché établi échouent à compenser de manière significative le risque inhérent lié aux taux d’intérêt pour la plupart des valeurs mobilières venant à échéance et des cotes de solvabilité. L’exposition aux instruments à taux fixe a été modestement réduite et reste sous les niveaux neutres dans les portefeuilles des clients.

MARCHÉS DES ACTIONS

Malgré notre point de vue actuel sur le ralentissement de l’inflation, nous ne nous attendons pas à un retour prochain de la conjoncture désinflationniste des années 2010. Une période d’inflation au-dessus de la moyenne ne jouerait pas en faveur des actions de sociétés en croissance, dont les multiples d’évaluation plus élevés et les projections de croissance à long terme les rendent relativement plus sensibles aux taux d’intérêt que les actions dépréciées. Nous avons réduit notre exposition aux titres américains de capitalisation boursière et adopté une position surpondérée en actions américaines dépréciées.

POSSIBILITÉS

Nous percevons la faiblesse récente des titres de lithium et de biotechnologie comme un point d’entrée intéressant dans des classes d’actifs qui sont soutenues par des super tendances bien établies. La demande en lithium devrait continuer à croître avec la prolifération de l’adoption de véhicules électriques, tandis que la biotechnologie s’aligne sur une démographie vieillissante dans les grandes économies mondiales et de nouvelles possibilités découlent de l’avancée de la technologie à ARN messager. L’exposition aux titres de lithium et de biotechnologie a été entreprise ce trimestre dans des stratégies orientées sur la croissance.

Portrait of David Kletz, VP & Portfolio Manager of Forstrong Global.

David Kletz

Vice President, Portfolio Manager

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